Même si les bâtiments ne peuvent pas contracter le COVID-19, ils peuvent en souffrir. Sans être désinvolte, ni en aucune façon banaliser le bilan humain de la pandémie mondiale actuelle, c'est un fait que les bâtiments sont des entités complexes et dynamiques qui nécessitent attention et soin pour bien fonctionner. Parce que les mesures de confinement ont vidé nos bureaux, fermé des magasins et contraint à l’arrêt beaucoup d'usines : nos bâtiments pourraient rencontrer des problèmes au moment de la sortie de crise.
La négligence reste un problème pour les bâtiments. Ils n’ont pas à supporter une présence humaine mais sont soumis aux éléments naturels (vent, pluie, cycle de gel et dégel…) et restent en proie à des actes malveillants, vandalismes ou autres effractions.
Parmi ce qui permet de maintenir des bâtiments sains : les yeux, les oreilles et le nez des occupants peuvent repérer et signaler immédiatement les problèmes. Dans le cadre de notre travail, un sol mouillé ou une odeur étrange attirera notre attention et donnera lieu à des rapports d'incident. Sans notre présence, certains problèmes peuvent passer inaperçus pendant un certain temps et causer des dommages nécessitant des réparations coûteuses.
Voici une situation simple à titre d’exemple : quelques jours après que mes collègues et moi avons commencé à télétravailler, un membre de notre équipe s'est rendu au bureau pour relever le courrier. À son arrivée, il a constaté que le sol de l'entrée était inondé. Que s’est-il passé ? Il s'est avéré qu'il avait plu la veille et qu'une canalisation du patio, à l’extérieur de notre bureau, s'était bouchée. L'eau s'était accumulée et était entrée dans le bâtiment.
Si notre bureau avait été occupé, cela aurait été immédiatement remarqué et la maintenance serait aussitôt intervenue. En l’occurrence, la pluie avait rapidement cessé et les dégâts restaient limités. Le problème a été facilement résolu et les locaux ont été nettoyés sans dommage. Mais supposons que le mauvais temps ait perduré sans personne au bureau pour donner l'alerte. Les dommages auraient pu être plus importants, non seulement dans notre bureau mais aussi chez les locataires des étages inférieurs.
Prévoir une visite régulière des locaux par ses occupants ou le personnel d'entretien - en prenant les précautions recommandées – est un moyen de minimiser le risque de rencontrer de tels problèmes. Mais même en adoptant ces mesures, il est peut-être temps de réfléchir à la manière dont nous devrions procéder pour redonner vie à nos espaces de travail, de façon saine, lorsque les mesures de distanciation sociale seront atténuées.
Des inspections préalables peuvent être justifiées avant de réinvestir un bâtiment, avec des listes de contrôles et de questions pour s'assurer que les conditions sont sûres et saines. Certaines questions semblent ainsi indispensables, comme de savoir si une maintenance planifiée a bien été effectuée ou si des tâches liées à la santé et la sécurité doivent être réalisées, telles que les changements de filtres CVC, les tests de gicleurs d'incendie, les inspections d'extincteurs, etc. En bref, les installations du bâtiment-ont-elles été entretenues pendant la période vacante ?
Les occupants peuvent être en mesure de repérer des dégâts des eaux, des éclairages défectueux (non seulement dans les espaces de travail mais aussi dans les cages d'escalier, les sous-sols, les parkings etc.), des installations sanitaires non fonctionnelles, des panneaux d'issue de secours ou d'information poussiéreux et bien d'autres problèmes mineurs. Les équipes de maintenance devraient pouvoir rattraper, si nécessaire, les inspections des toits et des ascenseurs, les tests des valves de plomberie et des systèmes de contrôle et s'assurer du bon fonctionnement des principaux systèmes des bâtiments.
C'est maintenant, alors que nous sommes encore loin de nos lieux de travail, qu'il nous faut planifier la réoccupation de nos locaux. Nous ne savons pas encore tout ce qui devra être fait. Nous devrons peut-être prévoir l'installation de postes de désinfection des mains ou réviser les protocoles de nettoyage. Nous devrons sans doute réaménager les locaux, retirer des meubles pour réduire la densité de l'occupation. Mais nous savons ce dont les bâtiments ont besoin pour fonctionner correctement : il s'agit de leurs systèmes, de leurs surfaces, de leurs équipements et de leurs structures. C'est en nous consacrant maintenant au processus de reprise que nous pourrons garantir l’opérationnalisation de nos locaux à notre retour.
David Karpook
Directeur adjoint des opérations, Amérique du Nord