En 2019, un de mes collègues, David Karpook, s’était interrogé sur «Qui doit s'occuper de l’internet des objets des bâtiments ?». Il cherchait alors à mieux comprendre les conséquences organisationnelles de la numérisation des bâtiments pour la gestion de l'immobilier et le Facility Management (FM). Dans son blog, il soulignait l’évolution du rôle et de l’expertise des responsables de l’immobilier et du FM à mesure qu'ils commenceront à gérer l'infrastructure numérique des bâtiments, en plus de leur infrastructure physique.
J'ai parfois l'impression que le « temps » de la technologie est réglé sur un rythme différent, tellement plus rapide que celui du reste du monde ! Il est ainsi déjà temps, je crois, de revisiter les observations et les questions que David Karpook avait publiées l'an dernier.
Lançons-nous dans cette tâche.
L'évolution des rôles suit celle des IoT
La Prop Tech s’étend au-delà des IoT avec des applications d'analyse sophistiquées et l'intelligence artificielle (IA) qui devient accessible et disponible au niveau même des équipements. À ce propos, il est intéressant de souligner l’acquisition réalisée par Apple en janvier 2020 de Xnor.ai, une start-up spécialisée dans des applications d’IA, à faible consommation d’énergie, qui peuvent s’exécuter directement dans les devices au lieu de fonctionner sur des serveurs cloud. De cette façon, les données générées par les équipements peuvent être traitées localement, ce qui rend ces équipements véritablement « Smart ».
Dans la gestion de l’immobilier et du FM, on pourrait imaginer une caméra capable de vérifier l’occupation réelle d’un bureau ou de compter le nombre de personnes dans une pièce.
S’agissant de l'Internet des objets dans les bâtiments, la question n'est peut-être plus de savoir « qui est responsable ». Par exemple, les personnes en charge de la gestion des équipements devront acquérir les compétences informatiques nécessaires pour comprendre le déploiement des équipements de l'Internet des objets dans les bâtiments, tels que les capteurs. Mais, ils devront également comprendre comment ils fonctionnent et comment assurer la maintenance de ces nouvelles générations d'équipements. Ces professionnels auront donc deux parties dans leurs fonctions : d’un côté, celle liée à l’exploitation et la maintenance de ces équipements et de l’autre, celle liée à l’informatique.
Cela illustre à quel point l’évolution de la fonction s’avère intéressante et stimulante pour les professionnels du Facility Management enthousiastes vis-à-vis de ces nouveautés.
Qui est responsable quand plusieurs départements sont impliqués ?
David Karpook donne une vision claire de cette question dans sa série de blogs sur l'Internet des Objets pour les bâtiments. Il discute du changement dans les relations entre responsables de l’immobilier et du FM, responsables de l’exploitation et responsables informatiques.
Les progrès de la Prop Tech et de la numérisation des équipements dans les bâtiments nous amène à réfléchir également sur ce que cela signifie pour la fonction informatique au sein des organisations.
L’univers des responsables informatiques est principalement défini par les réseaux et les applications/plateformes d'applications, tous fonctionnant dans le cloud ou dans différents environnements de traitement. Les outils de sécurité et de confidentialité constituent alors des éléments intrinsèques.
Les services informatiques ont généralement alors un contrôle total sur ces environnements et la gestion (du changement) est purement une activité virtuelle, car les logiciels peuvent facilement être mis à niveau ou réaffectés dans l'infrastructure informatique. Aucun problème.
Mais ce contrôle change fondamentalement lorsque les « applications » deviennent inséparables des équipements qui exécutent des fonctions non informatiques dans les infrastructures des bâtiments. Par exemple, si l’on reprend l'exemple des caméras intelligentes, il pourrait s’agir d’une nouvelle génération de systèmes de CVC qui combinerait de l'IA en local avec une gestion en temps réel de la température et de la climatisation d'un bâtiment.
Dans ce nouveau « monde complexe » vers lequel nous nous dirigeons, la fonction informatique ne sera plus en mesure de gérer seule l'infrastructure informatique et manquera de connaissances sur les conséquences physiques des interventions numériques sur ces équipements. Ainsi, la fonction informatique sera toute autant impactée que la fonction FM. Dans la perspective de la gestion de ces infrastructures complexes, la fonction informatique pure pourrait être chargée de fournir un environnement informatique (y compris s’agissant des exigences en termes de normalisation technologique et de réglementation) qui permettra aux professionnels du FM de sélectionner, déployer et utiliser de nouvelles générations de technologies vraiment intelligentes, de manière sûre, sécurisée et productive.
D'autres options peuvent également se présenter à mesure que de nouvelles approches de ces fonctions émergeront avec le temps. Dans tous les cas, des échanges de fond sur les relations futures entre la fonction informatique et la fonction gestion de l’immobilier/FM seront indispensables pour les développements futurs, non seulement pour faire évoluer ces deux fonctions elles-mêmes, mais aussi pour assurer l'avenir des organisations dans lesquelles elles opèrent.